13 octobre 2014

Oona & Salinger, Frédéric Beigbeder

Aujourd'hui, je vais vous parler d'un des bestsellers de la rentrée littéraire : Oona & Salinger de Frédéric Beigbeder.
Au commencement de la lecture, une seule émotion s'impose : Déception. En entamant un roman de Beigbeder, je m'attendais à une intrigue cynique, ancrée dans le monde ultra-contemporain où seules règnent la cupidité et la perversité. Et c'est généralement ce que l'on recherche chez cet auteur, comme lorsque l'on ouvre un recueil de nouvelles de Bukowski : un regard noir sans concession sur notre réalité. Or on se retrouve plongé dans une belle histoire d'amour dans laquelle les deux amants seront séparés par la Seconde Guerre Mondiale. Et je peux vous faire la confidence qu'étant libraire au moment du 6 juin 1944, les livres sur la Seconde Guerre Mondiale nous sortent un peu par les yeux.
Mais plus la lecture avance, un autre émotion pointe son nez : la Surprise !  Et une bonne surprise. Sous l'image d'un romancier cynique et que l'on pouvait croire parfois misanthrope se cache un éternel romantique (ce que d'ailleurs on pouvait voir dans ses romans précédents en lisant quelque peu entre les lignes). L'histoire que nous conte Beigbeder et à laquelle il semble attaché comme à la sienne propre, peut se résumer par cette phrase : "Les êtres qui s'aiment le plus sont ceux qui ne s'aimeront jamais". Autrement dit il propose une vision de l'amour décalé par rapport à celle plus commune de l'amour éternel. De plus, Frédéric Beigbeder met en place certaines innovations stylistiques qui font mouche et il nous parle de la guerre avec son ton si cynique. Il crée notamment dans certains chapitres un parallélisme entre la vie de Oona à Hollywood, prise dans le cyclone de la mondanité, et les horreurs que Salinger vit sur le front, ce qui provoque bien entendu un regard ironique envers les civils américains, qui semblent toujours en dehors du conflit.
Malgré ce détour amoureux, qui peut peut-être s'expliquer en partie grâce à l'épilogue, on retrouve,  au détour des élans romantiques, quelques traces du regard désabusé de cet auteur et surtout la lucidité lorsqu'il évoque la guerre et l'hypocrisie qui en est inhérente, qui régaleront les inconditionnels de Frédéric Beigbeder.
Un renouveau étonnant !
Frédéric Beigbeder, Oona & Salinger, Grasset, 19 
août 2014

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