18 mai 2015

Nous aurions dû rester des singes..., Gaël Derive

                Aujourd’hui, je vous parle écologie. Et oui, la métamorphose cérébrale et vitale ne passe pas que par la littérature. Les Sciences Humaines sont nécessaires pour comprendre notre monde, notre putain de monde qui bat de l’aile. Mais tout n’est pas encore perdu (oui, il m’arrive parfois d’être optimiste). Les Sciences Humaines sont parfois oubliées par les lecteurs à cause de ce préjugé qu’elles sont ingrates à lire, incompréhensibles et écrites dans un jargon scientifique. Il n’en est rien. Aujourd’hui beaucoup d’éditeurs de ce secteur se sont renouvelés et proposent des ouvrages accessibles et ludiques pour qui veut comprendre ou tenter de comprendre le monde contemporain.  Nos sociétés sont complexes mais surtout elles sont surtout complexifiées par les hautes instances afin de rendre inaccessible la pensée sur le monde. Il est plus facile de se dire que notre époque est tellement complexe que seuls les experts ont la possibilité d’en saisir l’essence. Chacun est en mesure de porter son regard propre sur la politique, l’écologie, la philosophie (la philosophie de comptoir, le pilier de bar déblatérant sur le monde actuel, c’est aussi de la philosophie, pas besoin de comprendre toute la philosophie nietzschéenne), la sociologie, etc. Alors à vos bouquins et osez réfléchir !!!



                J’en reviens à ma chronique livresque. Je vous présente donc le livre de Gaël Derive au titre provoquant Nous aurions dû rester des singes… De quoi est-il question ? De l’horrible erreur humaine, de son incapacité à percevoir ce et ceux qui l’entourent, dont les immenses capacités sont gâchées par son incapacité à l’empathie. Ce court documentaire de 48 pages provoque une vraie claque, et si vous ne réfléchissez pas après l’avoir lu, l’humanité est bel et bien perdue. Gaël Derive est un scientifique, expert en dérèglement climatique. Mais ce qu’il avance dans ce livre ce n’est pas une réflexion d’expert, c’est une aventure humaine autour de cette question de l’urgence écologique. Il nous livre au travers courts chapitres les rencontres qu’il a faites de ces hommes oubliés par le reste de la planète : ceux qui ne polluent pas, qui vivent près de la terre, et qui seront et sont (oui, déjà, l’urgence est là) les premiers à devenir les victimes de l’appauvrissement de la Terre : inondations, tremblements de terre, éruptions volcaniques, c’est eux qui souffrent pendant que nous jouissons de la surconsommation. Jouissons est peut être un bien grand mot, car sommes-nous seulement conscients de ce que nous faisons et que nous sommes en train d’assassiner l’Humanité ?
                Le tour de force de cet ouvrage n’est pas dans les chiffres avancés mais bien de l’imbrication des données scientifiques aux données humaines de compassion, d’empathie, aux émotions. C’est pourquoi l’ironie de Gaël Derive à chaque fin de chapitre est tellement écorchante : nous sommes tous responsables. Mais surtout, ce livre n’est pas un énième essai pessimiste, où tout est perdu. Certes, il ne nous reste pas beaucoup de temps, mais en s’activant maintenant, l’humanité (car le monde nous survivra) a les capacités de se sauver. Gaël Derive croit fermement dans ces capacités autour des grandes questions qui sont aujourd’hui posées dans les sommets sur l’environnement. Mais il faut maintenant prendre des décisions, mener des actions. L’heure n’est plus à la réflexion passive, il faut désormais aller vite, très vite et que l’effort soit global (éteindre les lumières chez soi c’est bien, obliger à l’échelle de l’Etat les usines à réduire leur pollution, c’est mieux). La Conférence Paris Climat a eu lieu en début du mois de mai. Encore une fois, la prise de conscience s’est faite, les chiffres ont été compris, des résolutions ont été prises… Encore faudra-t-il les respecter…

                Pour finir sur les mots de Gaël Derive : « Aujourd’hui, je dirais plutôt : « Notre maison brûle et nous la regardons brûler. » Alors dansons, chantons et rions tous ensemble autour du feu ! »
 Gaël Derive, Nous aurions dû rester des singes…, 
Indigènes Editions, 5 
Décembre 2014.

1 commentaire:

Florine a dit…

A lire d'urgence, avant de courir rejoindre les Marches pour le Climat, qui auront lieu

dans de nombreuses villes du monde entier !