Au chaos quotidien répondent
certains livres. Les romans de Mikael Bergstrand sont de ceux-là.
Véritables
médicaments contre le stress, la déprime, le bruit assourdissant (de
l’Occident), Les Plus Belles Mains de Delhi et Dans la Brume du Darjeeling se
suivent mais peuvent se lire indépendamment.
Le
personnage principal, Göran Borg s’approche dangereusement du pathétique sans
jamais dépasser la limite du supportable : l’Inde sera salvatrice. Suédois
en pleine crise de la cinquantaine, divorcée, partageant une relation
compliquée avec ses enfants, et accablé par un licenciement, Göran accepte de suivre son meilleur ami dans l’un de ses
voyages organisés : direction l’Inde !
L’humour,
l’ironie, l’œil aiguisé et la critique acerbe dont fait preuve Göran produisent un
tableau décomplexé de l’Inde, haute en couleur. Ce regard très européanisé
s’adoucit petit à petit au fil de la découverte culturelle et, passé le glacis
superficiel de ce pays, l’Inde et son peuple nous apparaissent dans toute leur
complexité, avec ce goût d’épice à la fois suave et rocambolesque. Ce
changement de regard n’est pas étranger à la rencontre d’une belle indienne, Preeti Malhotra, femme marié à un riche exploitant du textile.
Entre romance et reportage sur le travail des enfants en Inde, la course folle
de Göran dans le pays le « plus beau du monde » pour reprendre les
mots de Yogi, indien atypique devenu l’ami de notre suédois, emporte le lecteur
dans un tourbillon haletant.
Dans
le second roman, Göran, retourné en Suède, ne peut se détourner de l’Inde.
L’appel est toujours plus pressant. Yogi, son meilleur ami indien, rencontré
durant son dernier séjour, doit se marier. Göran prend ce prétexte afin de fuir
ses responsabilités suédoises. Le mariage de Yogi se voit repoussé par la
complexité du système social indien et par des mésaventures qui entraîneront
Yogi et Göran au fin fond du Darjeeling dans une plantation de thé.
Ces
romans resteront gravés dans ma mémoire pour leur bienfait, leur dépaysement et
la philosophie très optimiste qui s’en dégage. Yogi est un personnage atypique,
que rien, enfin presque rien, ne peut décourager, son optimisme est à toute
épreuve et l’auteur a su communiquer à son lecteur cet élan. Cet optimisme est
toujours tourné vers l’altérité, vers autrui et vers le monde. La foisonnante
diversité de couleurs, d’odeurs, de bruits, de personnages fait surgir des
images de joie et de gaieté. Par les mots, l’auteur nous apporte sur un plateau
l’Inde entière. Car malgré son optimisme, il n’oublie pas de mentionner les
défauts de l’Inde, notamment le fossé qui sépare les différentes classes
sociales.
Ce
que l’on peut retenir également, c’est la merveilleuse histoire d’amitié qui se
développe dans ces deux romans. Car au-delà des aventures vécus par le héros,
nous assistons à la création et à l’approfondissement de l’amitié entre Göran
et Yogi, rencontre de deux cultures et de deux personnalités tellement
différentes. En surmontant les barrières de l’étrangeté de l’étranger, nous
faisons de magnifiques rencontres.
Les Plus Belles Mains de Delhi, Mars 2014, 23€
Dans la Brume du Darjeeling, Mai 2015, 24€
Mikael Bergstrand
Editions Gaïa
Lu dans le cadre du challenge A la Découverte de l'Inde
2 commentaires:
Sympa ces découvertes indiennes ! Un livre à lire pour se croire encore en vacances :-)
C'est tout à fait ça !
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